Archives de tags | la rougeole

Ces graphiques montrent que la vaccination est un mensonge

Les forums et les réseaux sociaux sont d’excellents outils pour diffuser de l’information. Ils permettent ainsi à de nombreuses personnes de recevoir une information différente de celle véhiculée par les médias traditionnels ou, pire, par les autorités publiques. Les nouvelles technologies ont permis aux gens de connaître la vérité et de se battre contre les mensonges.

Parmi ces mensonges, on compte la vaccination. Elle est censée nous protéger des vilaines maladies et sauver de nombreuses vies. Or, ce n’est pas ce que disent les graphiques. Je vous propose de passer en revue quelques uns de ces graphiques. Vous serez sous aucun doute surpris par ce qu’ils montrent.

La mortalité des maladies a décru bien avant l’introduction des vaccins

Commençons avec l’évolution de la mortalité de la rougeole aux USA entre 1900 et 1990. La vaccination est introduite en 1963 et on voit clairement que la mortalité liée à cette maladie a commencé à fortement décliner avant cette date. Oh My God ! comme diraient les Yankees…

Figure 1 Taux de mortalité pour la rougeole aux États-Unis [1900 – 1990]. Apparition du vaccin en 1963.

Maintenant, si l’on regarde un peu plus attentivement ce graphe, on voit que la décroissance de la mortalité commence vers 1915-1920 et suit une forme d’exponentielle décroissante pour commencer à stagner vers les années 50. Si on zoome sur les années 50 à 2000 et qu’on ajoute l’incidence, voici ce qu’on obtient :

Figure 2  Nombre de cas par an de rougeole + nombre de décès par an aux États-Unis [1950 – 2005]. Vaccin introduit en 1963.

Le changement d’échelle ouvre de nouvelles perspectives. Le nombre de cas et de décès chutent brutalement peu après l’introduction du vaccin. En fait, il faut comprendre que le nombre de décès liés à une maladie est le produit de deux facteurs :

 Nombre de décès = Nombre de cas (incidence) * Létalité

La létalité étant la probabilité de décès en cas d’infection. Ainsi, jusqu’au début des années 50, la chute du nombre de décès est surtout due à la chute de la létalité. Après 1963, le vaccin prend le relais en faisant chuter l’incidence de la rougeole.

La létalité associée à de nombreuses maladies a fortement diminué au début du XXième siècle grâce aux progrès de la médecine, à l’amélioration de l’hygiène et à une nourriture de plus en plus variée et abondante. Pour autant, la rougeole continue de tuer aujourd’hui et ce même dans les pays industrialisés. Pour les USA, le CDC (Center for Disease Control) estime la probabilité de décès en cas d’infection par la rougeole à 0.2%. Donc oui, on peut encore mourir de la rougeole dans un pays industrialisé (létalité non nulle) et oui, les vaccins sauvent des vies (en faisant baisser l’incidence).

Pour ce qui est des pays en voie de développement ou pauvres, les maladies à prévention vaccinale font de gros dégâts. Pour l’année 2008, l’OMS a estimé que 1,5 millions d’enfants sont morts de maladies  évitables par les vaccins.  La répartition de ces morts en milliers est donnée dans le tableau ci-dessous :

Mortalité chez les enfants de moins de 5 ans liée à des maladies à prévention vaccinale

Nombre de morts estimé (en milliers) chez les enfants de moins de 5 ans liée à des maladies à prévention vaccinale pour l’année 2008.

En Europe, le nombre de morts liées à la coqueluche, la rougeole ou le tétanos sont inférieurs à 1000 (mais pas 0). Ceci est cohérent avec le graphique montrés ci-dessus. Il n’en est pas de même pour l’Afrique, l’Est de la méditerranée et l’Asie du Sud-Est encore durement touchées par ces maladies. Les raisons sont multiples et concernent certes un manque d’hygiène et de nourriture mais aussi une couverture vaccinale bien inférieure aux autres régions du monde. Par exemple, voici les courbes d’évolution de la couverture vaccinale pour le DTP (Diphtérie – Tétanos – Polio) par région du monde :

Figure 3  Évolution de la couverture vaccinale par région du monde pour le vaccin DTP 3 doses (données OMS).

Certaines mauvaises langues diront qu’il est plus urgent d’améliorer la qualité de vie et l’accès aux soins de santé dans ces régions et que, d’autre part, on verrait alors la mortalité baisser automatiquement. Un vœu pieux qui même avec des efforts considérables mettrait encore de très nombreuses années avant de se réaliser. Sans compter que les maladies dites « bénignes » tuent encore dans les pays dits riches. Bref, chaque année, la vaccination permet d’éviter 2 à 3 millions de décès.

Ça, c’est pour la mortalité. Maintenant, la première raison d’être d’un vaccin est d’éviter l’infection. En évitant l’infection, on évite la souffrance liée à la maladie mais aussi et surtout les diverses complications possibles. Concernant la rougeole, elles apparaissent dans environ 30% des cas et elles se manifestent surtout chez les enfants de moins de 5 ans et chez les adultes de plus de 20 ans. Les pourcentages associés aux différentes complications possibles sont les suivantes (États-Unis) :

  • Diarrhée – 8%
  • Otite – 7%
  • Pneumonie – 6%
  • Encéphalite – 0.1%
  • Convulsions – 0.6-0.7%
  • Mort – 0.2%

Pour terminer cette section et pour bien comprendre le lien entre incidence et vaccination, voici un graphique montrant l’évolution de l’incidence et de la couverture vaccinale pour la coqueluche en Angleterre et au Pays de Galles entre 1940 et 2000 :

Figure 4  Évolution de l’incidence et de la couverture vaccinale pour la coqueluche en Angleterre + Pays de Galles [1940 – 2010].

Comme on peut le voir, l’incidence baisse après l’introduction du vaccin puis repart lorsque la couverture vaccinale s’effondre.

Puisque que l’on parle de la coqueluche, autant en profiter pour énoncer les complications qui lui sont associées. Aux États Unis (pays développé), la moitié des nourrissons de moins de 1 an ayant contracté la coqueluche ont été hospitalisés. Parmi ces derniers :

  • 23% (1 sur 4) auront une pneumonie
  • 1.6% (1-2 sur 100) auront des convulsions
  • 67% (2 sur 3) auront des apnées
  • 0.4% (1 sur 300) auront une encéphalopathie
  • 1.6% (1-2 sur 100) mourront

Chez les adolescents et adultes, les cas de coqueluche nécessitant une hospitalisation sont beaucoup moins fréquents, soit environ 5%. Parmi les cas infectés, on retrouve les probabilités de complications suivantes :

  • 33% (1 sur 3) perdront du poids
  • 28% (1 sur 3) subiront une perte de contrôle de leur vessie
  • 6% (1 sur 16) connaitront des évanouissements
  • 4% (1 sur 25) auront une ou plusieurs côtes fracturées à cause de la toux sévère
  • 2% (1 sur 50) auront une pneumonie

Le nombre de cas rougeole au Canada avait commencé à chuter avant l’introduction du vaccin (les graphiques du Dr. Obomsawin)

Le Dr. Obomsawin est une figure connue dans la communauté vaccino-sceptique. Il a réalisé de nombreux graphes prouvant l’inutilité des vaccins. La plupart concerne l’évolution de la mortalité pour différentes maladies mais il y en a un représentant l’évolution de l’incidence de la rougeole au Canada :

Figure 5  Incidence de la rougeole au Canada entre 1935 et 1983. Premier vaccin introduit en 1963.

On peut y voir que l’incidence de la rougeole a diminué d’environ 90% avant l’introduction du premier vaccin en 1963. Il ne s’agit pas du nombre de morts mais bien du nombre de cas par unité de population et de temps. Cela semble être en contradiction avec ce que nous avons montré au paragraphe précédent. Pourtant, le Dr. Obomsawin a utilisé les données officielles de l’Agence de la santé publique du Canada. Oui mais non. Le cas de ce graphique (très laid par ailleurs) a déjà été traité dans un article du blog anglophone Science-Based Medecine dont vous pouvez trouver une traduction ici. Je vous fais donc la version courte : sous le graphe apparait une légende : « Source : Adapté de la figure 8 du rapport sur l’incidence de la rougeole au Canada« . Le graphique de référence est montré ci-dessous avec, en rouge, la courbe construite à partir des 5 données sélectionnées par la Dr. Obomsawin :

measles-canada_vs_obomsawin

Figure 6  Graphique de référence + courbe du Dr. Obo… pour l’incidence de la rougeole au Canada [1924 – 2004].

À la vue de ce graphe, on remarque tout de suite que le Dr. Obomsawin a sciemment fait disparaître les fortes oscillations qui caractérisent l’incidence de la rougeole. Pourtant, certains personnes toujours persuadées de l’inefficacité des vaccins feront remarquer que l’évolution de l’incidence après 1950 semble montrer que celle-ci tendait déjà vers sa valeur mesurée après la période de non-notification et donc après l’introduction du vaccin. Il suffit de regarder la valeur de l’incidence en 1959, juste avant la période de non-notification. Oui sauf que ce point n’existe pas en réalité. D’ailleurs, sa valeur est justement exactement égale à celle affichée en 1969. Il s’agit d’une simple erreur de dédoublement qui a par la suite été corrigée.  La version corrigée du graphique donne ceci :

Figure 7  Nombre de cas notifiés (bâtonnets) et incidence (courbe) pour la rougeole au Canada [1924 – 2010]. (autre source)

Évidemment, certaines personnes diront qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais d’un complot. Il n’existe malheureusement pas de vaccin contre la paranoïa… sauf si il en existe vraiment un et qu’il s’agit d’un complot.

Même après des décennies de vaccination, les maladies à prévention vaccinale sont toujours présentes, y compris dans les pays industrialisés

Entre 2008 et 2011, par exemple, la France a connu un regain de la rougeole :

Figure 8  Nombre de cas de rougeole déclarés en France [2008 – 2012].

Pourtant, la vaccination contre la rougeole a été introduite dans le calendrier vaccinal en 1983, à l’âge de 12-15 mois. Une deuxième dose est introduite en 1996 pour les enfants âgés de 11 à 13 ans, ensuite ramenée à la tranche de 3 à 6 ans en 1997. À partir de 2005, une première dose de ROR (rougeole-oreillons-rubéole) est donnée vers 12 mois et une seconde entre 13 et 24 mois (voir ici et ici, slide 4). Quand on regarde les taux de couverture vaccinale en fonction de l’âge, on voit que la couverture à 1 dose dépasse les 85% pour les enfants 24 mois et les 93% pour les enfants de 6 ans et + à partir de 2002.  Alors pourquoi cette recrudescence constatée à partir de 2008 ?

Pour comprendre, il faut savoir que l’élimination* d’une maladie n’est rendue possible que si le pourcentage de personnes immunisées dépasse le seuil d’immunité de groupe. À partir de ce seuil, une maladie ne parvient plus à se maintenir dans la population. Il est calculé à partir du taux de reproduction de base R0 grâce à la formule suivante :

seuil d’immunité de groupe = 1 – 1/R0

Pour la rougeole, la valeur du R0 est estimée à 12-18. Le seuil d’immunité de groupe est donc de 91-95%, ce qui est très élevé. D’autre part, 5 à 10% des enfants n’ayant reçu qu’une seule dose de vaccin ne seront pas protégés. Ce qui explique que des enfants vaccinés contractent la maladie. D’où la nécessité d’augmenter rapidement la taux de couverture à 2 doses (qui est beaucoup trop bas en France, bien qu’en augmentation). Avec une politique vaccinale d’une seule dose, il faudrait que la couverture vaccinale soit de 100% pour espérer atteindre l’immunité de groupe et ainsi l’élimination de la rougeole.

Quand une politique de vaccination est lancée sans atteindre l’immunité de groupe, on observe une réduction importante du nombre de cas avec des pics de résurgence de la maladie plus ou moins espacés dans le temps. La diminution de l’incidence ralentit la circulation du virus mais, en dessous du seuil d’immunité de groupe, celui-ci persiste en bruit de fond. Avec les années, le réservoir de personnes non immunisées grandit. Lorsque ce réservoir atteint une taille suffisante, un pic épidémique apparait. En 1997, des chercheurs français ont réalisé une modélisation pour prédire l’évolution de la rougeole en France entre 1997 et 2021 selon différents scénarios. Les simulations montraient qu’une couverture de 90% pour une première dose avant 24 mois et de 75% pour une deuxième dose avant 6 ans étaient nécessaires pour aboutir à l’élimination de la rougeole en France. Malheureusement, la couverture 1 dose a péniblement augmenté durant les années 2000 et concernant la couverture 2 doses, on est parti de loin. Bref, il faudra encore attendre pour l’élimination de la rougeole en France et surtout continuer d’augmenter la couverture vaccinale à 1 ET 2 doses.

Autre conséquence d’une vaccination sous-optimale : on observe un phénomène de déplacement en âge parmi les personnes infectées (voir cadre gris dans cet article + calcul du déplacement ici en anglais). Cela a d’ailleurs été le cas pour la rougeole en France :

Évolution de la proportion de cas de rougeole par tranche d'âge en France [1985-1995].

Figure 9  Évolution de la proportion de cas de rougeole par tranche d’âge en France [1985-1995].

Malgré tout, la vaccination contre la rougeole a réussi à faire baisser drastiquement le nombre de cas et ce de manière durable. Signalons que, par le passé, la vaccination contre la variole a permis l’éradication* de cette maladie (R0 = 5-7, seuil d’immunité de groupe = 80-86%). Bref, la vaccination ça marche à condition que tout le monde joue le jeu. D’ailleurs, chers parents, vaccinez vos gosses et si il est recommandé de faire 2 doses, et bien, faites 2 doses. C’est aussi l’occasion de vérifier si vous êtes à jour vous-même…

* À strictement parler, l’élimination et l’éradication d’une maladie n’ont pas la même signification bien que les deux soient souvent confondues. L’élimination concerne la disparition d’une maladie dans une région du monde, alors que l’éradication signifie sa disparition partout sur le globe. 

 

Ce qu’il faut retenir (take home message) :

  • L’évolution de la mortalité n’est pas l’indicateur le plus pertinent pour évaluer l’efficacité d’un vaccin. Un vaccin fera baisser indirectement le nombre de morts en faisant baisser le nombre de cas infectés (cfr Figure 2). L’évolution du nombre de morts dépend aussi de l’évolution de la létalité. En prévenant l’infection, un vaccin permet d’éviter la souffrance liée à la maladie, les hospitalisations dues aux complications et, éventuellement, la mort.
  • Même dans les pays industrialisés, des maladies comme la coqueluche et la rougeole peuvent conduire à l’hospitalisation, voire provoquer la mort. Rappel : la moitié des nourrissons de moins de 1 an contractant la coqueluche aux États Unis seront hospitalisés. Dans les régions comme l’Afrique, l’Est de la méditerranée et l’Asie du Sud-Est, les maladies à prévention vaccinale font plusieurs centaines de milliers de morts par an parmi les enfants de moins de 5 ans.
  • Certaines personnes malveillantes choisissent les points qui les arrangent pour faire leur graphes (cfr Dr. Obomsawin).
  • Pour les maladies transmissibles d’homme à homme, des retours épidémiques restent possibles tant que la couverture vaccinale est sous le seuil d’immunité de groupe. Plus la couverture est grande, plus les pics de résurgence sont espacés dans le temps.